CSRD : les questions que tout le monde se pose

Applicable depuis le 1er janvier 2024, la directive européenne Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) impose aux entreprises de revoir en profondeur leur approche en matière de durabilité. Alors que certaines entreprises avant-gardistes ont déjà fait évoluer leur Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) 2023 pour intégrer des éléments de durabilité, certaines questions subsistent encore.

Le 26 septembre 2024, à l’occasion de la publication de l’étude « SBF 120 : les pionniers qui ont anticipé l’exercice de la CSRD », Labrador a organisé un webinaire « CSRD : les questions que tout le monde se pose » (accessible en rediffusion). François Morau, Directeur Conseil chez Labrador, a animé cet échange entre Martine Léonard, Présidente de la Société Française des Analystes Financiers (SFAF), Catherine Saire, Associée Sustainability de Deloitte France, Romain Gorge, Directeur du Reporting Extra-financier chez Bureau Veritas et Thomas Verdin, Président XBRL Europe, Directeur Associé BM&A Regtech. Ce webinaire a abordé sept des questions les plus fréquentes des équipes RSE, relations investisseurs et juridiques sur le rapport de durabilité.

Comment articuler les informations ESG sur tous les supports de communication et éviter les répétitions ?

Dans son Document d’Enregistrement Universel (DEU) 2023, Bureau Veritas s’est déjà efforcé de faire évoluer sa Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) pour qu’elle tende vers le futur rapport de durabilité. Romain Gorge s’est donc déjà retrouvé confronté à cet exercice d’articulation des informations ESG. Il identifie trois types de canaux de communication : le site web, les réseaux sociaux et le rapport de durabilité. Le site web présente les politiques ESG de manière générale, tandis que les réseaux sociaux permettent de communiquer sur les initiatives importantes à partager. L’enjeu du rapport de durabilité est de rassembler toutes les parties prenantes pour prioriser l’information et éviter les répétitions. Cela soulève la question des renvois vers le DEU. À la suite de l’étude réalisée par l’équipe de conseil de Labrador, il ressort que, sur les 30 sociétés “pionnières” ayant fait ce premier pas vers le rapport de durabilité, il y a en moyenne 11 renvois dans le chapitre RSE des DEU.

« La CSRD met l’accent sur une communication objective basée sur des faits plutôt que des déclarations générales d’engagement »

Romain Gorge

Pour Thomas Verdin, le digital est la clé pour éviter les répétitions. En effet, l’obligation de publier au format digital permet de classer et de clarifier l’information à un endroit défini. Ainsi, elle est facilement accessible et peut être extraite du rapport de durabilité par les personnes qui la cherchent que ce soient des analystes, des investisseurs ou encore des collaborateurs.

Pour être conforme avec la CSRD, présenter des textes et des tableaux dans son rapport de durabilité suffit-il ?

Martine Léonard indique que certes des textes et tableaux suffisent pour une première année mais qu’il est dommage de vouloir se limiter à la stricte conformité.

« Il faut aller un petit peu au-delà de la conformité pour mieux faire passer un message. »

Martine Léonard

Pour Catherine Saire, il est essentiel de dépasser la norme. La création d’un rapport de durabilité qui communique une stratégie claire et un message global est fondamental. Ce document doit être utile aux parties prenantes internes (comme les collaborateurs) et externes (comme les investisseurs). Il est nécessaire de répondre aux exigences réglementaires, mais pour mobiliser et valoriser les actions, le rapport doit être attractif avec des éléments visuels (photos, infographies). De plus, le rapport doit être autonome, utilisable au-delà du rapport de gestion, par exemple pour des roadshows ou présentations.

 “Bien sûr nous sommes dans un exercice de conformité, mais nous sommes avant tout dans un exercice qui se veut utile et pertinent pour les parties prenantes !”

Catherine Saire

Envie d’en savoir plus ? Téléchargez l’étude complète ici et revivez notre webinaire en rediffusion !

Doit-on traiter différemment le E, le S et le G ?

Catherine Saire rappelle l’approche holistique retenue par la CSRD. Il n’y aurait donc pas de raison de traiter différemment les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). L’objectif est de garder le même niveau d’exigence pour tous les sujets identifiés dans la matrice de matérialité. Cependant, dans la norme certains sujets comme le climat exigent un niveau de détail plus poussé, car ces thématiques sont plus matures et plus attendues, notamment par la société civile.

En termes de tagging, la même approche s’applique aux trois domaines ESG, selon Thomas Verdin. Néanmoins, ce dernier rejoint Catherine Saire sur le fait que la norme a convergé avec les démarches internationales, ce qui a parfois mis un accent supplémentaire sur le climat pour des raisons de pragmatisme et d’urgence. Toutefois, tout doit être digitalisé et rendu accessible de manière égale, quel que soit le domaine ESG.

 “Nous digitalisons de la même façon E, S et G. C’est néanmoins l’analyse de matérialité qui va déterminer sur quoi nous nous concentrons le plus.”

Thomas Verdin

Enfin, Martine Léonard partage l’analyse des experts. D’après elle, il serait préférable que les entreprises adoptent un traitement équivalent des trois domaines, car les investisseurs ont besoin de données uniformes pour leur propre reporting. Les entreprises françaises sont en avance sur des sujets comme le social et bénéficient de l’expérience acquise avec le DPEF. Ce positionnement avancé leur offre d’ailleurs un avantage concurrentiel, même si elles n’en ont pas toujours pleinement conscience.

Quatre autres questions ont été abordés durant le webinaire portant sur la relation avec les commissaires aux comptes, le mapping de la chaîne de valeur, les cibles sur lesquels communiquer, et plus de détails sur le tagging.