Jeudi 15 juin 2023
La prochaine entrée en application de la directive CSRD va bouleverser l’information extra financière. Le Rapport de durabilité remplacera la DPEF. Les entreprises vont devoir s’engager sur du concret, des preuves, sur leur modèle d’affaires, leurs risques, leurs actions, leurs résultats, le tout encadré par des nouvelles Normes européennes relatives aux rapports sur le développement durable (ESRS).
Entretien avec François Morau, Directeur du pôle conseil, Labrador
Pourquoi est-il si important de se mettre sans attendre sur la CSRD ?
Pour une raison très simple, c’est un nouveau gros chantier qui arrive pour les entreprises. Il va y avoir une quantité importante d’indicateurs à remonter. Et cela concerne de nouvelles directions, la RSE bien entendu mais aussi la finance et la consolidation qui peuvent porter cet exercice de reporting. Cela va impliquer beaucoup de changements en interne, et Labrador est là car la pédagogie et la transparence sont nécessaires. Il va s’agir de changer les modèles d’affaires, de revoir la façon dont les entreprises se présentent.
Pour mémoire, la Commission européenne a publié le 9 juin dernier le premier acte délégué relatif à la directive sur le reporting ESG des entreprises (Corporate sustainability reporting directive, CSRD). Ce texte complète cette directive adoptée en décembre 2022, qui devrait (si tout se passe bien) être transposée en droit français d’ici décembre 2023. La Déclaration de performance extra-financière (DPEF) s’appellera alors Rapport de durabilité. Ce document s’appuiera sur des normes et indicateurs de publications précis, les nouvelles Normes européennes relatives aux rapports sur le développement durable (ESRS). Objectif : standardiser et favoriser la comparabilité des informations extra-financières.
« Il va falloir expliquer en quoi le modèle d’affaires et la stratégie de l’entreprise sont compatibles avec les transitions sociétales et environnementales »
Quelles vont être les principales évolutions de contenu entre la DPEF et le futur Rapport de durabilité ?
Beaucoup de choses sur le fond. Dans la DPEF, chacun présente son modèle d’affaires. Un peu comme cela l’arrange. Dans le Rapport de durabilité, il va falloir expliquer en quoi le modèle d’affaires et la stratégie de l’entreprise sont compatibles avec les transitions sociétales et environnementales. Autre exemple, l’approche par les risques pour l’entreprise que l’on retrouve dans la DPEF, va se transformer en approche par l’impact. Dans son rapport de durabilité, l’entreprise va devoir rendre compte de son impact et de sa capacité à maîtriser / limiter son impact. Autre changement, les entreprises étaient assez libres dans la présentation de leurs réalisations. Demain, il va falloir privilégier l’approche par le réel, les faits, les preuves, les plans d’actions, les mesures de performance… D’une manière plus générale, si la liberté de ton était de mise dans la DPEF, le Rapport de durabilité exige la neutralité dans la présentation des informations.
Enfin pour ce qui est des résultats (KPI), le format des publications sera encadré avec les fameuses ESRS.
« Notre mission : valoriser l’information extra-financière pour le lecteur »
Pourquoi prenez-vous aujourd’hui la parole ici dans le blog sur ce sujet ?
Ce n’est effectivement pas dans nos habitudes. Mais de longue date, c’est un engagement fort de notre part. Et aujourd’hui nous accompagnons cette transition, voire mutation, de l’information extra-financière qui doit être traitée au mieux, c’est-à-dire avec le même niveau d’exigence et d’importance que l’information financière. Et ce le plus tôt possible, c’est-à-dire maintenant !
Chez Labrador, nous suivons de près l’intérêt et les attentes du lecteur. Au-delà de la conformité à la réglementation, que nous traitons par une analyse de l’existant pour mesurer l’écart par rapport la règlementation future, notre travail est de définir la manière dont l’information sera la plus utile pour le lecteur, et donc pour l’entreprise. Ce « Gap Analysis » est donc accompagné d’éléments de conseils supplémentaires (recommandations, structuration de l’information, revue des avis d’analystes, audit de transparence sur les critères ESG, Benchmarks…) afin d’accompagner les émetteurs dans leur travail.
Notre mission est la suivante : réaliser un Rapport de durabilité conforme mais qui valorise la performance extra-financière de l’entreprise, en termes d’accessibilité, de compréhension et donc de clarté.
Propos recueillis par Beñat Caujolle
La Commission européenne a publié son projet d’acte et ouvre une consultation de 4 semaines
La Commission européenne a publié le 9 juin le premier acte délégué relatif à la directive sur le reporting ESG des entreprises (Corporate sustainability reporting directive, CSRD). Elle a ouvert une période de consultation du 9 juin au 7 juillet.
Comme le craignaient de nombreux observateurs, ce texte revoit sensiblement à la baisse les ambitions initiales de la Commission de créer un véritable standard de reporting ESG obligatoire pour toutes les entreprises.