Jeudi 26 janvier 2023
« L’information veut être libre », de la transparence morale à la transparence des sociétés cotées. Sous ce titre, Laurent Rouyrès, président et fondateur de Labrador, défriche et analyse le concept. L’auteur s’amuse, en creux, à passer aux cribles les codes de la non-transparence.
Entretien avec Laurent Rouyrès
À l’heure de la désinformation, vous publiez aujourd’hui un livre sur la transparence de l’information. Pourquoi ?
Ce livre est un plaidoyer contre la défiance, mais aussi pour expliquer LA méthode qui fonctionne pour créer de la confiance. La transparence a longtemps été morale. Dans ce livre, je montre que cette transparence est devenue scientifique, grâce à toute une série de critères objectifs. L’information financière des entreprises dispose d’un cadre réglementaire qui permet, entre autres, la comparabilité. Il manque toutefois la pédagogie et la clarté. Et c’est là que réside notre apport depuis près de 20 ans. Et cela fonctionne.
Aujourd’hui, aucune autre partie prenante n’est aussi transparente qu’une société cotée qui fait l’effort d’être comprise de ses lecteurs. D’ailleurs, pour moi, les sociétés qui ne sont pas transparentes, ce sont celles qui ne souhaitent pas l’être, du moins sur certaines parties. Il n’est pas très compliqué d’appliquer ces fameux critères, de s’intéresser aux meilleures pratiques. Il m’arrive souvent de regretter que d’autres acteurs de la Place ne s’appliquent pas cette même exigence. Je pense notamment aux agences de notation, aux activistes, aux ONG, à la presse, mais aussi à l’ensemble des administrations.
Une accélération de la transparence, entre volonté politique et évolution citoyenne
La transparence n’empêche pas les scandales…
Bien au contraire, les scandales font progresser la transparence. Bien entendu, ces scandales font grand bruit et on parle bien moins des progrès accomplis. La transparence ne sera jamais ni parfaite, ni complète. Mais la direction prise est la bonne, nous le prouvons, c’est rassurant. Il y a une véritable accélération ces dernières années. Elle répond à la volonté des pouvoirs publics de responsabiliser les entreprises, mais aussi à une véritable évolution citoyenne, avec une forte quête de sens de la part des parties prenantes : salariés, clients, fournisseurs, partenaires, actionnaires …
La transparence permet de lutter contre la défiance, contre l’incompréhension qui va souvent de pair. À ce sujet, nous avons tendance à croire ce qui est petit, proche et accessible, tout comme nous sommes spontanément méfiants de ce qui est grand, de ce qui nous dépasse. Ce constat oblige les grands groupes à toujours plus de transparence.
L’enjeu actuel : la transparence de l’information extra-financière
Qu’avez-vous fait en faveur de la transparence ?
Chez labrador, nous avons élaboré une méthode certifiée par Bureau Veritas Certification qui fait référence en France et aux Etats-Unis. Nous avons participé activement à la définition rigoureuse de quelque 300 critères objectifs d’application « universelle ».
Notre démarche a rendu cette information claire. Et nos Transparency Awards (ex-Grands Prix de la Transparence) ont permis au fil des ans à toutes les entreprises de se mesurer et de partager les meilleures pratiques.
Et demain ?
L’immense majorité des entreprises cotées et non cotées s’appuient dans l’information qu’elles publient sur des faits. Elles recherchent la vérité, la confiance de l’ensemble des parties prenantes. Cette confiance crée une grande valeur auprès des lecteurs et réduit les risques de réputation. La transparence est un art qui relève du droit de savoir, mais plus encore du devoir de se faire comprendre. Un sacré chemin a été parcouru ces 15 dernières années pour l’information financière et plus récemment extra-financière. Et tout reste à construire face aux « nouveaux » enjeux climatiques, qui imposent à toutes les entreprises de revoir leur modèle et donc leur information.
Propos recueillis par Beñat Caujolle
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