Si les entreprises ont fait ces dernières années de réels progrès en transparence sur leur information financière, il reste encore beaucoup à faire sur la partie extra-financière et plus particulièrement sur la partie Climat / Biodiversité. Place des Investisseurs va avoir dans le même temps un vrai travail éducatif à réaliser auprès des investisseurs individuels dans ce domaine.
Anne Gaignard, Directrice Générale de Place des Investisseurs
La F2iC est devenue Place des Investisseurs au début de l’année. Quelles évolutions stratégiques pour l’association reflète ce changement de nom ?
Place des Investisseurs s’adresse aux investisseurs individuels. Au début de l’année, nous nous sommes dotés d’une raison d’être : « placer les citoyens au cœur de l’économie et financer les transformations du monde ». Cette mission nous conduit à élargir notre champ d’actions à tous les actifs susceptibles de financer ces transformations en cours : les actions d’entreprises cotées en Bourse bien entendu, les produits obligataires, le private equity, ou encore le crowfunding, … En fait tout ce qui est accessible aux investisseurs individuels.
Nous nous adressons désormais à tous les acteurs de la chaine de financements : les émetteurs, l’écosystème (places de marchés, agences de communication, plateformes de financements participatifs, les sociétés de gestion, le private equity, les conseillers en gestion de patrimoine, …). Notre ambition est d’être le réseau de référence des investisseurs individuels engagés, en les éclairant dans leur choix d’investissements très opérationnels pour financer la transition. Leurs regards doivent se porter sur les performances financières mais aussi sur les enjeux liés à l’environnement, aux dimensions sociales et sociétales et aux bonnes règles de gouvernance.
En tant que Directrice générale de Place des Investisseurs, vous êtes membre du Comité scientifique des Transparency Awards, qui fêtent leurs 15 ans cette année. Quels sont les principaux bénéfices de la Transparence pour les investisseurs individuels ?
La transparence est de plus en plus importante. Il y a eu ces dernières années énormément d’avancées sur la partie financière. Et les entreprises doivent aujourd’hui consentir à de gros efforts sur les critères extra-financiers qui sont de plus en plus présents. Et ce n’est pas simple ! Les méthodes pour définir les indicateurs ne sont pas encore stabilisées et il y a encore beaucoup de travail à faire sur la comparabilité. En Gouvernance, les entreprises cotées ont fait de grands progrès en matière de communication sur les dispositifs mis en place. Ce travail paie. Une démarche volontaire de la part des entreprises sur la mise en place de plus de transparence est appréciée à sa juste valeur par l’investisseur individuel.
Quels sont, selon vous, les grands axes d’amélioration des entreprises en matière de Transparence pour les investisseurs individuels ?
Le gros du chantier concerne l’extra-financier. D’importants efforts sont encore à faire pour renforcer la transparence, notamment pour la partie environnementale. Les entreprises sont par exemple encore peu nombreuses à être au point sur les parties Climat ou Biodiversité, où les méthodologies en sont encore au tout début de leur histoire. Les attentes sont nombreuses et l’arrivée de la CSRD devrait accélérer les choses.
Information extra-financière, après les salariés, les clients et fournisseurs, les institutionnels, l’heure est à la formation des investisseurs individuels
Comment ont évolué (et vont continuer d’évoluer) les attentes des investisseurs individuels vis-à-vis des entreprises ?
Les investisseurs individuels sont demandeurs d’un véritable dialogue actionnarial et pas qu’une seule fois par an lors d’une assemblée générale très formelle, très codée. Il nous faut inventer d’autres niveaux de dialogues actionnariaux, à travers des rencontres digitales, physiques, plus naturelles, tout au long de l’année. Les investisseurs individuels sont par ailleurs très attachés à la dimension territoriale. D’où l’importance de mener des actions sur le terrain, à proximité des sites. A noter que les investisseurs individuels manifestent un grand intérêt et une réelle fidélité aux entreprises familiales, locales.
Comment les investisseurs individuels se sont emparés des enjeux ESG ?
Il faut faire le distingo entre le E, le S et le G. Les maturités ne sont pas les mêmes. Les entreprises se sont structurées sur la Gouvernance, les conseils se sont professionnalisés. Sur le Social, il y a eu beaucoup d’avancées en France, avec par exemple des indicateurs sur l’égalité homme / femme, sur les conflits sociaux. Sur l’Environnement, les investisseurs individuels n’ont pas encore toute la maturité pour traiter l’information extra-financière actuelle.
Place des Investisseurs va avoir dans les prochaines années un véritable travail éducatif à faire auprès d’eux. En matière d’information extra-financière, les entreprises ont naturellement commencé par la formation de leurs salariés, avant d’aller vers leurs fournisseurs et clients, puis les actionnaires institutionnels (qui ont leurs propres contraintes et donc exigences). L’heure est aujourd’hui aux investisseurs individuels !
Propos recueillis par Beñat Caujolle
Note de clarté de cet article : 41
(Source : Plainly)
