Jeudi 04/11/2021
Vous venez de publier votre rapport annuel sur les assemblées générales 2021 qui permet de faire remonter les principales tendances en Europe et de donner le ton de la cuvée 2022. Rémunérations des dirigeants, climat, les grands thèmes se dessinent. Les attentes des investisseurs sont de plus en plus fortes. Les émetteurs doivent redoubler leurs efforts de clarté.
Entretien avec David Chase Lopes, D.F. King Ltd, Managing Director EMEA
- La rémunération des dirigeants demeure encore en tête des préoccupations ?
Il y a fort à parier que les rémunérations des dirigeants resteront un des temps forts des assemblées générales 2022. En 2021, nous avons observé que les rapports de rémunérations ex-post ont été approuvés aux alentours de 88 % en moyenne, soit une baisse de 2 %, passant sous la barre des 90 %. Dis autrement, dans bons nombres de cas, la rémunération des dirigeants versée pour l’exercice 2020, a été approuvée à moins de 80 %. Les entreprises concernées, et elles sont nombreuses, ont tout intérêt à soigner leur communication pour l’année qui vient, avec des présentations claires et détaillées pour expliquer les deux faces de la rémunération (ex-post et ex-ante). Leurs conseils ayant bien intégré les résultats obtenus cette année.
Les investisseurs ont été sensibles à la stabilité et à la clarté des objectifs.
On constate que les meilleurs élèves (+ de 90 %) sont ceux qui, dans la tempête Covid, ont maintenu leurs objectifs ou ont revu leurs critères de variables après le 1er trimestre. Les mandataires se sont alors retrouvés sans bonus ou vu leurs variables chuter en début d’année avant de se rattraper par la suite. Quoi qu’il en soit, les investisseurs ont été sensibles à la stabilité et à la clarté des objectifs. Il en sera de même pour 2022 !
- Le climat sera aussi un autre grand sujet.
A l’heure de la COP 26 à Glasgow, le climat sera effectivement un sujet de grande attention de la part des investisseurs. La pression est bien là, à l’image du fonds activiste TCI qui milite depuis 2020 pour un « Say on Climate » après le « Say on Pay ». Nous avons vu en 2021, l’émergence de ces résolutions « Say on Climate » : 4 en France, 11 en Grande-Bretagne, ou encore 1 en Suisse. Il est essentiel que les conseils d’administration prennent position clairement sur ce sujet.
Un grand nombre d’entreprise a d’ores et déjà des stratégies RSE bien établies, avec la dimension environnementale, et des considérations sociétales et de gouvernance. Les conseils d’administration sont aujourd’hui généralement en phase avec les attentes de l’ensemble des parties prenantes pour une société plus inclusive, tout en demeurant très attachés à la rentabilité. Il ne faudrait pas, en effet, se tromper de bataille. Il faut continuer à créer de la valeur sur les moyen et long terme. C’est la meilleure façon de se protéger des activistes !
Sur la démarche RSE, la France, avec sa vision plus holistique en la matière, est clairement en avance.
C’est l’effet COP 21, il y a cinq ans, mais aussi celui de la loi Copé Zimmermann avec les quotas de femmes dans les conseils, il y a 10 ans maintenant. La France a aussi beaucoup avancé sur la représentation des salariés dans les conseils, sur l’équité dans les rémunérations, ou encore sur la raison d’être des entreprises. Autant de sujets déjà bien présents avant même la pandémie.
- Quelles formes prendront les Assemblées générales en 2022 ? Virtuelles, physiques, hybrides ?
Le huis clos de 2020 fut décidé dans une situation exceptionnelle. On l’oublie vite. Nous étions en mars et juin, sans vaccin et dans des confinements lourds. Il était difficile de faire plus. En 2021, ce fut un début de retour à la normale. En France, nous constatons un quorum toujours en hausse à un niveau record de 77 % pour le SBF 120, contre 73 % en Grande-Bretagne, 65 % en Allemagne, 64 % en Suisse ou encore 60 % en Belgique.
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On peut dire que la France conserve cette vision sacrée de ce rassemblement, de cette grand-messe qui place les dirigeants face à leurs actionnaires et investisseurs. Les votes sont suivis de près, des drames peuvent se jouer, des prises de paroles sont très attendues et les activistes rodent.
Propos recueillis par Beñat Caujolle
Pour aller plus loin : Télécharger notre étude : « Assembles générales 2021 : dialogue actionnarial »
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