Jeudi 15/09/2022
Labrador vient de réaliser la 5ème édition de l’étude comparative sur les Rapports intégrés (RI) (est parue le mercredi 21 septembre). Dernières pratiques de marché, principales évolutions de ce document publié aujourd’hui par près de 50 % du SBF 120, le point en avant-première.
Entretien avec Sandrine L’Herminier, Directrice Conseil en RSE chez Labrador
Que vous inspire cette dernière étude sur les Rapports intégrés ?
Cette étude montre qu’au milieu d’une multitude de rapports experts (Climat, RSE, Impacts, Mission, …), le Rapport intégré a plus que jamais toute sa raison d’être. C’est en effet LE document qui prend de la hauteur, du recul, et qui présente une information intégrée, « déssilotée » et prospective. Le Rapport intégré est aujourd’hui le seul support qui présente le reporting et les actions de l’entreprise dans sa globalité en répondant à des exigences de clarté et de transparence. Il vient expliquer, crédibiliser et légitimer le discours de l’entreprise.
Bonne pratique : Présenter des informations prospectives avec des objectifs chiffrés moyen et long termes. Mais plus encore, indiquer les actions, les initiatives, les investissements réalisés au cours de l’exercice qui contribuent à la bonne réalisation de la feuille de route ! On pourrait même imaginer la mise en avant de points de progrès.
Avez-vous justement relevé d’autres évolutions dans cette étude ?
Oh oui ! En premier lieu, sur la gouvernance élargie. Nous le voyons bien, les parties prenantes (internes comme externes) nourrissent aujourd’hui le discours stratégique de l’entreprise. Cette tendance de fond s’observe à travers la prise en compte de l’écosystème dans les business models, la réalisation de matrices de matérialité et surtout par la montée des comités de parties prenantes dans les organisations (16 % cette année contre 8 % en 2021). Un exercice d’ailleurs imposé pour les entreprises à mission.
Bonne pratique : Établir un cadre commun avec ses parties prenantes pour acter la transformation et prouver son utilité. Présenter le comité des parties prenantes au même niveau que le Comex en détaillant son rôle et les missions réalisées au cours de l’exercice.
Seconde évolution, et je ne surprendrais personne, la montée du risque climat dans notre étude. Elle se fait, notamment, sous l’impulsion des différentes réglementations comme la taxonomie aujourd’hui et la CSRD demain. Les présentations, très attendues, des plans de transition, des émissions de gaz à effet de serre sur les trois scopes, de la résilience au risque climat et des moyens mis en œuvre permettant aux équipes de s’approprier le sujet, ont toute leur place dans les Rapports intégrés (96 % des documents consacrent une partie au changement climatique).
Bonne pratique : Communiquer clairement sur les moyens et les ressources mis en œuvre pour financer le plan de transition.
Et si vous aviez un axe de progrès et un point de vigilance ?
L’axe de progrès serait de faire preuve de plus de transparence et de pédagogie sur l’érosion de valeur et les externalités négatives de l’entreprise. La destruction de valeur recouvre des sujets aussi variés que la perte de biodiversité, le poids des émissions de gaz à effet de serre, la production de déchets, la consommation d’eau, mais également la gestion du stress, ou encore le désengagement des collaborateurs… Les entreprises sont peu nombreuses à communiquer clairement autour de l’impact de ces sujets sur leur capacité à préserver et créer de la valeur ou sur les investissements mis en place pour réduire ces risques. C’était l’une des nouvelles recommandations de l’IIRC* mais seules 2 % d’entre elles ont évoqué, par exemple, l’érosion de la valeur.
Le point de vigilance que je retiendrais concerne l’engagement des collaborateurs qui devra prendre une place plus importante dans les prochains Rapports intégrés. Même si nous sommes loin de la « grande démission » observée récemment aux États-Unis (50 millions de salariés ont quitté leur poste en 2021), la France a vu 1 million de salariés abandonner leur CDI ces six derniers mois. Avec le télétravail et un taux de chômage relativement bas, les collaborateurs, à commencer par les plus jeunes, sont devenus plus exigeants et opportunistes. Ce sujet de l’attractivité dépasse le seul cadre des ressources humaines. Il est désormais stratégique. Il s’agit d’attirer mais aussi de conserver les talents.
Bonne pratique : Communiquer sur la vision Ressources humaines et concrètement sur la proposition de valeur pour les salariés
*International Integrated Reporting Counsil – Révision du cadre – Janvier 2021.
Propos recueillis par Beñat Caujolle
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L’étude est parue le mercredi 21 septembre.
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