Information ESG, les investisseurs veulent des données fiables, qualitatives, transparentes et comparables

Jeudi 22/04/2021

Le Cliff a réalisé un benchmark sur les communiqués de presse publiés au premier trimestre sur les résultats annuels 2020 des sociétés du CAC 60 ayant clôturé au 31 décembre. Le contexte actuel de la pandémie a accéléré une tendance de fond : la convergence des attentes financières et extra-financières des investisseurs. 

Entretien avec Stéphanie Laval, Directrice des Relations Investisseurs de FNAC DARTY, Administratrice du Cliff.

La récente étude du Cliff montre que l’information ESG est très présente dans les communiqués de résultats annuels 2020 des entreprises. S’agit-il d’une tendance conjoncturelle ou passagère, (pandémie, fortes contraintes réglementaires) ou s’agit-il d’une tendance de fond ?  

Les deux. La montée en puissance des critères ESG dans la communication des entreprises ne date pas d’hier. Mais il est clair que des éléments conjoncturels ont accéléré cette tendance. À commencer par la pandémie. Jusqu’à présent, la publication de critères ESG se faisait principalement dans le Document d’enregistrement universel et/ou DPEF. Or les attentes du marché, en particulier des investisseurs, en matière d’information ESG sont croissantes et demandent un suivi plus régulier. Il s’agit d’une cohérence supplémentaire entre l’information financière et l’information extra-financière. Les deux constituant un tout. L’autre facteur d’accélération est réglementaire : avec le plan climat, la mise en place de la taxonomie verte européenne, etc., les émetteurs doivent s’engager et communiquer davantage.

Sur les 56 sociétés du CAC 60 ayant clôturé leur exercice à fin décembre 2020, et publié leur communiqué entre le 26 janvier et le 16 mars 2021, 63 % d’entre elles ont présenté de l’information ESG. Soit, d’après l’étude, 3,5 fois plus que dans les communiqués sur les résultats annuels 2018. 38 % de ces sociétés fournissent des indicateurs RSE et 20 % publient des indicateurs à la fois relatifs à 2020 et à des objectifs sur le moyen terme (10 ans en moyenne). Enfin, 30 % des sociétés fournissent des informations sur les 3 items : E (climat…), S (formation des salariés, sécurité, recrutements…) et G (mixité dans les instances dirigeantes…).

Nous observons l’émergence d’indicateurs mixtes. Des cas isolés ?

Non. C’est là encore une tendance qui émerge et qui devrait se poursuivre. Le financier et l’extra-financier fonctionnaient jusqu’ici en silos. Ils avaient chacun leurs supports, leurs règles. Le financier étant plus mature avec une réglementation plus établie. Sauf que les deux ne peuvent plus fonctionner en parallèle. Il y a une convergence qui s’opère car les impacts sont croisés. Par exemple, on ne parle plus seulement des mesures à prendre pour réduire son empreinte carbone, mais bien de l’impact des évolutions climatiques sur le business de chaque entreprise ! La réglementation va dans ce sens. Et les investisseurs ont de plus en plus une double casquette, avec des questions portant sur les indicateurs financiers ET extra-financiers. Tout l’écosystème est en train d’évoluer.

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Quelles sont pour vous les attentes des investisseurs en matière de KPIs ESG ?

Ce qu’attendent avant tout les investisseurs des émetteurs c’est un suivi dans le temps, un certain historique avec une permanence dans la méthode. Ils veulent des données fiables, qualitatives, transparentes et comparables.

Les évolutions réglementaires sont en cours. La taxonomie verte européenne va par exemple apporter un socle commun de méthodes et d’indicateurs comparables. Il y a par exemple la part verte du chiffre d’affaires, un indicateur transversal, communément défini en Europe et qui sera obligatoire pour la fin de cet exercice.

Propos recueillis par Beñat Caujolle