CSRD : les questions que tout le monde se pose – saison 2

Quelques semaines après son premier webinaire sur la CSRD, Labrador a organisé le jeudi 12 décembre, une deuxième session intitulée « CSRD : les questions que tout le monde se pose – saison 2 ». Animé par Alicia Couderc, Directrice générale adjointe de Labrador, cet échange a réuni Éric Baudrier, Directeur général de la Haute Autorité de l’Audit (H2A), Pierre Constant, Associé Sustainability chez EY, Marc Boissonnet, Expert ESG/CSRD chez Labrador et Lorna Lucet, Directrice ESG chez Amundi PEF MidCap. Ensemble, ils ont répondu aux questions clés que se posent les équipes RSE, relations investisseurs et juridiques sur le rapport de durabilité.

Comment rythmer les conversations entre entreprises et vérificateur pendant la réalisation du rapport de durabilité?

Éric Baudrier rappelle que la vérification des rapports de durabilité est désormais obligatoire dans le cadre de la CSRD. Des normes de reporting spécifiques visent à garantir sa qualité et imposent des exigences contraignantes aux entreprises comme aux vérificateurs. Il recommande de collaborer très tôt avec les vérificateurs pour éviter les malentendus et fluidifier le processus de création du rapport.

« Le vérificateur n’est pas l’ennemi du vérifié, il est là aussi pour aider et accompagner les sociétés. »

Éric Baudrier

Pierre Constant a rappelé que la vérification des rapports CSRD diffère des vérifications ISO auxquelles certains responsables RSE sont habitués. Elle repose sur un processus continu impliquant des échanges réguliers et l’analyse de versions intermédiaires du rapport, tout au long du processus. Dans ce premier exercice, il insiste sur l’importance d’être transparents avec les vérificateurs et de partager assez tôt des premières versions des rapports pour anticiper leurs travaux.

L’accès en avance aux données quantitatives consolidées est également nécessaire pour anticiper les travaux à venir. Ainsi, le dialogue doit être organisé avec des points réguliers, idéalement hebdomadaires, pour garantir une préparation adéquate avant la sortie des premiers rapports.

« On apprend tous un peu en marchant, il est dès lors vraiment important que les clients nous fassent confiance. »

Pierre Constant

Marc Boissonnet ajoute que la relation entreprise/vérificateur doit être vue comme un véritable partenariat, plutôt qu’une relation maître/élève. Les deux parties ont beaucoup à apprendre l’une de l’autre : l’auditeur apporte son expertise et ses retours d’expérience, permettant ainsi une meilleure compréhension des normes. De son côté, il apprend en travaillant avec l’entreprise pour mieux comprendre ses méthodes. Cette collaboration est d’autant plus cruciale que les normes ESRS sont encore récentes et sujettes à interprétation.

Selon lui, l’auditeur devrait être impliqué dès le début du processus, en particulier lors des ateliers d’analyse de matérialité. Cela lui permet de comprendre les choix de l’entreprise, d’apporter des réactions objectives et de rassurer l’entreprise sur la qualité de sa démarche.

« Il faut qu’il y ait une écoute mutuelle sur les attendus de chacun. »

Marc Boissonnet

Comment les investisseurs perçoivent l’évolution de la manière de traiter les sujets ESG ?

Lorna Lucet rappelle que les sujets ESG ont pu être perçus comme de simples exercices de communication. Avec l’arrivée de la CSRD, ils sont devenus stratégiques et impliquent directement les directions financières.

Du côté des investisseurs, la transparence des entreprises est stratégique. Elles ne seront pas sanctionnées si elles n’atteignent pas la perfection dès la première année, mais elles doivent être claires sur leur état d’avancement, l’identification des sujets non traités et la présentation des plans d’action.

Les investisseurs portent également une attention particulière aux sujets émergents, comme la biodiversité et le climat, qui deviennent des priorités incontournables pour les entreprises directement concernées. Enfin, la gouvernance joue un rôle clé dans l’évaluation des démarches ESG.

Les investisseurs s’attendent à une compréhension précise de la manière dont chaque sujet matériel est pris en compte au niveau de la gouvernance et du modèle d’affaires. Si les plans d’action peuvent encore évoluer, la structure de gouvernance, elle, doit être claire et bien définie.

« Les investisseurs veulent de la transparence : les entreprises doivent dire où elles en sont et pourquoi certains sujets ne sont pas encore traités. »

Lorna Lucet

D’autres sujets ont également été abordés durant ce webinaire.

  • Les participants ont échangé sur les exigences de certains auditeurs, parfois plus strictes que les réglementations.
  • La place du narratif dans le reporting a aussi été discutée, avec l’éclairage de Lorna Lucet en tant que lectrice expérimentée.
  • La question de l’utilisation de l’IA a été évoquée : cet outil est déjà utilisé par les investisseurs, mais pas encore par les vérificateurs. Chez Labrador, l’IA est justement employée pour enrichir et simplifier le narratif du rapport de durabilité.
  • Enfin, les intervenants ont partagé leurs dernières recommandations aux auditeurs pour conclure ce webinaire.

Ne manquez pas l’opportunité d’approfondir vos connaissances sur la CSRD : regardez le replay du webinaire et téléchargez notre étude sur les informations de durabilité dans les DEU 2024 !