Rapport ESG/Climat, les investisseurs doivent se pencher sur la structuration de leurs données

Si les investisseurs ont fait des progrès notables dans la mise en place des indicateurs et dans la remontée des données ESG/Climat, un vrai travail de structuration et d’accessibilité de l’information extra-financière s’impose pour leur rapport ESG/Climat. Labrador livre ici ses principales recommandations.

La Loi Énergie-Climat (LEC) de 2021 a renforcé les exigences en matière de transparence extra-financière des investisseurs. Dès 2022, les acteurs assujettis devaient publier un premier rapport sur leur démarche ESG interne, leur alignement avec les grands accords internationaux relatifs au climat et à la biodiversité et sur les risques identifiés en matière de durabilité. En 2023, ces mêmes acteurs ont enrichi leur rapport, devant contenir notamment la divulgation des parts verte et brune de leurs encours sous gestion (parts correspondant aux activités vertes ou de sources fossiles).

Une information très hétérogène

L’étude menée par Labrador dans le cadre des derniers Transparency Awards de l’Asset Management est à ce titre riche d’enseignements. Il en ressort que le contenu des rapports ESG/Climat est très hétérogène. Rares sont les rapports qui respectent l’intégralité des exigences réglementaires, tant en termes de complétude que de justesse des informations publiées. Il y a bien eu sur un an quelques progrès, ce qui est encourageant. Certains investisseurs ont continué à développer et à approfondir les analyses présentées, d’autres se sont toutefois contentés d’une simple mise à jour des données fournies un an plus tôt.

L’étude en quelques chiffres
86 % des sociétés de gestion étudiées évoquent bien la stratégie d’alignement « biodiversité » avec fixation d’un objectif d’alignement, mais seulement 42 % apportent des détails méthodologiques associés
45 % ont une description de la structure organisationnelle des différentes instances de la Direction en charge des questions liées au climat
32 % indiquent une prise en compte de leur politique de rémunération des critères ESG
34 % présentent leurs moyens internes pour contribuer à la transition selon trois informations distinctes que sont les ressources financières, les ressources techniques et les ressources humaines

Les sociétés de gestion ont fourni un travail considérable : les collectes de données ont été menées auprès des participations et au sein des sociétés, les résultats tardent encore à venir mais les premiers enseignements sont déjà présentés… S’ouvre désormais le chantier indispensable de structuration ! Le rapport ESG/Climat doit gagner en maturité, tant dans la précision de la démarche que dans la traduction des résultats, afin de répondre aux attentes toujours plus exigeantes des investisseurs en quête de précisions sur les indicateurs extra-financiers. Ces informations doivent être accompagnées de beaucoup de pédagogie afin de les rendre compréhensibles, et de bonnes pratiques pour standardiser la communication de ces nouveaux éléments que l’investisseur doit s’approprier pour les apprécier et les comparer.

Les recommandations de Labrador

Dans le respect des obligations réglementaires, Labrador préconise tout d’abord d’enrichir l’information en intégrant notamment une présentation de la société en introduction, étoffée de chiffres clés. La présentation de la démarche n’a en effet de sens qu’en l’inscrivant dans son contexte général.

Quelques exemples de recommandations très concrètes à mettre en œuvre cette année :

  • La présentation des organes de gouvernance ESG sous forme d’infographie, en traduisant le rôle de chaque Comité : un traitement qui permet au lecteur d’identifier clairement l’organisation dans la prise de décisions ESG
  • La prise en compte des 3 piliers (E, S et G) dans la présentation de la démarche
  • La précision de la démarche dans les différents stades du processus d’investissement sous forme d’infographie : cette approche permet de fournir au lecteur une vision globale
  • Une liste claire, précise et exhaustive des produits durables sous forme de tableau
  • Une présentation claire de la trajectoire climat envisagée et des objectifs à 2030
  • Une approche pédagogique de la méthodologie mise en place pour répondre à ces objectifs.

Enfin, il est essentiel d’apporter une grande vigilance sur l’ergonomie de lecture des documents, qui sont pour la plupart encore beaucoup trop traités de façon linéaire. L’investisseur a besoin de trouver, comprendre et retenir l’information rapidement.

Pour relire notre ancien billet sur ce sujet, une interview de Julien Commarieu, Directeur RSE, Risques et Compliance de la société RGreen Invest. Cliquez ici.

Si vous souhaitez en savoir plus et avoir plus d’information sur le modèle idéal de structure de l’information ESG, contactez nos équipes

Beñat Caujolle