Chaque année, l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) publie ses European Common Enforcement Priorities (ECEP), qui orientent les contrôles menés par les régulateurs nationaux sur les rapports financiers et extra-financiers des sociétés cotées.
En 2026, les émetteurs devront accorder une attention particulière à trois sujets prioritaires :
- Les risques géopolitiques et leur impact sur les comptes IFRS
- La qualité et la structure du reporting de durabilité sous la CSRD
- La fiabilité du balisage numérique ESEF
États financiers IFRS : des informations plus spécifiques sur les incertitudes
Dans le cadre des normes IFRS (International Financial Reporting Standards), l’ESMA appelle les entreprises à une transparence renforcée sur les risques géopolitiques : guerre en Ukraine, tensions au Moyen-Orient, volatilité énergétique et chaînes d’approvisionnement perturbées.
Les attentes clés :
- Expliquer les hypothèses et jugements utilisés pour les tests de dépréciation, la valorisation des impôts différés ou la continuité d’exploitation
- Éviter les mentions vagues comme ’« incertitude géopolitique » et privilégier des descriptions concrètes et chiffrées
- Garantir la cohérence des informations entre les états financiers et le reste du rapport
L’ESMA met aussi l’accent sur la segmentation (IFRS 8) et la présentation du tableau de flux de trésorerie, domaines encore marqués par des erreurs fréquentes.
Déclaration de durabilité : la double matérialité et la structure du reporting sous surveillance
En raison de l’incertitude liée au contexte règlementaire actuel, l’ESMA a ainsi maintenu deux priorités qui figuraient déjà dans les ECEP 2024 (i.e. : Priorités de Supervision communes établies chaque année par l’ESMA): la matérialité, le périmètre et la structure du reporting.
Documenter la double matérialité
Les entreprises doivent décrire précisément leur approche de la double matérialité, en indiquant :
- La méthodologie employée – sources de données, périmètre couvert, seuils de matérialité, hypothèses clés et modalités de consultation des parties prenantes internes et externes.
- Le traitement des IROs (Impacts, Risques, Opportunités) – prise en compte des impacts « bruts » dans l’analyse, articulation entre IROs matériels, stratégie et modèle d’affaires et gestion de ces éléments dans les normes thématiques (politiques, actions et objectifs publiés).
Structurer et connecter le reporting
L’ESMA attend des rapports plus lisibles et cohérents, avec un périmètre de reporting clairement défini, une présentation fluide et une connectivité renforcée entre les informations financières et de durabilité.
L’enjeu : passer d’un exercice de conformité réglementaire à un reporting plus compréhensible , accessible et intégré.
Rapport de durabilité 2024 : les pratiques des sociétés du SBF 120
Reporting ESEF : renforcer la qualité de la donnée numérique
Le format ESEF (European Single Electronic Format) demeure une priorité technique (signe, unité, ancrage) et encourage les émetteurs à renforcer leurs contrôles internes.
Les nouvelles spécifications Calculation 1.1, qui précisent les règles de cohérence entre les totaux et sous-totaux des états financiers, visent à améliorer la fiabilité et la comparabilité des données numériques à l’échelle européenne.
Reporting ESEF : bilan 2025 et défis à venir
Vers un reporting plus cohérent et plus lisible
Au-delà des aspects normatifs, l’ESMA rappelle une exigence centrale : assurer la cohérence entre les informations financières et extra-financières.
Cette convergence marque une nouvelle étape dans la construction d’une information d’entreprise claire, fiable et utile à tous les lecteurs investisseurs, analystes, parties prenantes et grand public.
Le Public Statement complet est disponible sur le site de l’ESMA.