Huit ans après l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2, la formation des collaborateurs à la prévention de la corruption reste une exigence centrale du dispositif. Mais dans la pratique, beaucoup d’organisations abordent cette obligation comme une simple case à cocher, déconnectée des enjeux opérationnels. Pourtant, bien conçues, ces formations peuvent devenir un levier concret de diffusion de la culture éthique.
Pourquoi les formations actuelles sont souvent inopérantes
L’article 17 de la loi Sapin 2 impose la mise en place d’un programme de formation destiné aux cadres et aux personnels les plus exposés aux risques de corruption. L’Agence française anticorruption (AFA) insiste sur l’importance d’une formation adaptée aux profils et aux risques.
Le rapport annuel de l’AFA publié en 2023 souligne que plus de la moitié des entités contrôlées ne justifient pas de formation différenciée selon les fonctions ou les niveaux d’exposition. Par ailleurs, l’absence de suivi des acquis ou d’évaluation des risques pédagogiques nuit à la montée en compétence réelle. Il ne suffit donc pas de “faire” une formation : encore faut-il qu’elle soit comprise, mémorisée et réutilisée dans les situations à risque.
Notre approche, des formations ancrées dans la réalité des métiers
Chez Labrador Transparency, nous considérons que la formation Sapin 2 ne peut être efficace qu’à condition d’être conçue comme un outil opérationnel. Cela implique d’adapter les formats, les contenus et les modalités d’apprentissage au contexte de chaque métier. Par exemple :
- Un univers graphique et éditorial personnalisé (plutôt que des modules sur-étagère auxquels vos apprenants ne s’identifient pas) ;
- Des capsules courtes, centrées sur des cas concrets issus du terrain, en lien direct avec les fonctions (achats, finance, relations publiques, etc.) ;
- Un parcours différencié selon les niveaux d’exposition (comité de direction, fonctions supports, opérationnels terrain) ;
- Des interactions régulières : quiz scénarisés, mini-débriefs en équipe, rappels ciblés tout au long de l’année.
Cette logique favorise non seulement l’appropriation individuelle, mais aussi la diffusion d’une culture de vigilance collective. L’objectif n’est pas de transformer tous les collaborateurs en juristes, mais de les rendre capables d’identifier un risque et de savoir à qui le signaler.
Les formations Sapin 2 ne doivent plus être traitées comme une obligation administrative, mais comme une opportunité de renforcer l’efficacité du dispositif anticorruption. En les rendant concrètes, ciblées et vivantes, les entreprises peuvent en faire un outil de prévention crédible, ancré dans le quotidien des équipes. À l’heure où la culture de conformité devient un critère d’attractivité et de pérennité, cette exigence pédagogique mérite d’être pleinement réinvestie.